Global Journal of Human Social Science, D: History, Archaeology and Anthroplogy, Volume 23 Issue 2

The Museums of Algeria in the French Historiographical Field Les Musées d’Algérie Dans Le Champ Historiographique Français Dr. Mourad Betrouni Summary- T his subject deals w ith a category of “artifacts”, here the Museum, which served or accompanied the enterprise of conquest-colonization of Algeria and the process of “putting into a museum” a people and a territory. The examination is considered from the perspective of a French historiography. The Museum is taken as keystone or "fossil director", which confirms and authenticates the French colonial project, in its successive dismemberments, as argued by Arnauld Le Brusq: “The colonial museum is placed at the first plan of an archeology of colonial France because the museum turns out to be consubstantial with the colonial project”. Keywords: museum, historiography, archaeology, colonial, exploration, collection. Résumé- Ce sujet traite d’une catégorie d’« artefacts », ici le Musée, qui a servi ou accompagné l’entreprise de conquête- colonisation de l’Algérie et le processus de «mise en musée» d’un peuple et d’un territoire. L’examen est envisagé dans la perspective d’une historiographie française. Le Musée est pris comme clé de voûte ou «fossile directeur», qui confirme et authentifie le projet colonial français, dans ses démembrements successifs, comme le soutient, Arnauld Le Brusq: «Le musée colonial se place au premier plan d’une archéologie de la France coloniale parce que le musée s’avère consubstantiel au projet colonial». Mots-clés: musée, historiographie, archéologie, colonial, exploration, collection. I. I ntroduction e niveau de conscience d’un soi national en construction, au sortir d’un «âge» colonial, qui a duré 132 ans, se mesure et s’évalue, objectivement, par le truchement d’une «archéologie de la France coloniale» - expression empruntée à Arnauld Le Brusq (1) - qui met en affleurement et soumet à l’examen les «artefacts» qui ont servi ou accompagné l’entreprise de conquête-colonisation et le processus de «mise en musée» d’un peuple et d’un territoire. Dans «Dépossession du monde» de J. Bercque (1964), « Esquisse pour une archéologie de la France coloniale » et «Du musée colonial à l’invention d’un patrimoine croisé ?» d’Arnauld Le Brusq (2005), la perspective archéologique a été envisagée dans un champ global, disons planétaire, qui place le fait colonial français sur l’orbite d’une mondialisation anticipée, celle de l’expansion coloniale européenne sur les quatre autres continents. Une perspective qui a l’avantage du regard englobant, où les «détails» et les «nuances» ne participent pas au tracé des contours, à la construction de l’image et de la trame du récit historique. Cette perspective est, de notre point de vue, trop large, dans ce sens où le propre de l’archéologie n’est pas de construire du récit mais de rendre lisible et intelligible des matériaux de l’histoire, sous le regard d’un présent chaque fois renouvelé. C’est en cela que le «détail» et la «nuance» qui appellent, nécessairement, une réduction de la focale, constituent, parfois et le plus souvent même, les matériaux les plus utiles d’un examen et d’une lecture archéologiques; ils seraient, en même temps, les indicateurs clés pour une compréhension fondée de l’esprit colonial et de ses pratiques, dans les sphères de l’archéologie et du patrimoine culturel en général. Dans cette perspective de réduction de la focale, que nous proposons et dans la catégorie des artefacts techniques et symboliques disponibles, nous avons choisi le musée, à l’instar des auteurs qui s’y sont intéressés, comme clé de voûte ou « fossile directeur », expression prisée des préhistoriens, qui confirme et authentifie le projet colonial français, dans ses démembrements successifs, comme le soutient, d’ailleurs, Arnauld Le Brusq: «Le musée colonial se place au premier plan d’une archéologie de la France coloniale parce que le musée s’avère consubstantiel au projet colonial» (2005). II. L e « M usée» au T emps de la C onquête F rançaise Etablir un diagnostic du fait muséal en Algérie, au temps de la conquête française (2), c’est dérouler le premier chapitre d’un processus de substitution d’une population « indigène» (3), déracinée et déchue de ses droits, par une population française qui la remplaçait au fur et à mesure et qui était, la seule, éligible au droit à la culture et donc aux services et équipements culturels (presse, cinéma, théâtre, bibliothèque et musée). C’est en dehors du champ « indigène » que l’objet et le sujet musée devraient donc être appréhendés, dans cette première phase de conquête, dans la mesure où il n’y a eu ni rencontre ni échanges entre «i ndigènes » et L Volume XXIII Issue II Version I 63 ( ) Global Journal of Human Social Science - Year 2023 D © 2023 Global Journals Author: e-mail: betrounim@yahoo.fr

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