Global Journal of Human Social Science, D: History, Archaeology and Anthroplogy, Volume 23 Issue 2
fonction n’autorisait pas. Désavoué, il démissionna et rejoignit Paris en 1831, pour être remplacé par le général Berthezène. Le paradoxe de cette situation est qu’il fut élevé à la dignité de maréchal de France, le 27 juillet 1831, quatre mois après sa disgrâce, puis sollicité, un peu plus tard, en juillet 1835, pour occuper le poste de gouverneur général des possessions françaises dans le Nord de l’Afrique. Après une année et demie de gouvernance, il subit encore une fois un autre affront pour cause d’imprévoyance, suite à l’échec de la première expédition de Constantine (9). Il fut remplacé par le lieutenant-général de Damrémont. C’est dans cette contexture politico-militaire, entre 1830 et 1837, que se sont esquissées puis consacrées, les premières idées de fabrication d’un espace de production d’images illustrant la puissance de l’armée impériale et le bien-fondé de sa mission. La photographie et le cinéma, n’étant pas encore nés, les seules supports du message propagandiste de la conquête, étaient le fait de peintres et de dessinateurs, accompagnant les missions militaires françaises, complétés par tout un système d’imageries traditionnelles telles les cartes postales et les vignettes publicitaires. L’objectif, dans cette première phase de conquête, était la formation d’un imaginaire du lecteur et du spectateur autour des signes de gloire et des événements épiques et ensuite d’une perception de «l’indigène» à la fois étrange et fascinante et sur laquelle furent projetées ou réanimées des fantasmes d’un «orient» refoulé, prétexte d’une colonisation de peuplement. IV. L a B ibliothèque- M usée D ’alger Tout a commencé par le théâtre, avec la création, en novembre 1830, d’une salle de spectacle dans la ville d’Alger, dénommée "Théâtre d'amateurs d'Alger» . Une création qui eut le soutien et le financement du gouvernement, par l’impact qu’elle suscitait, notamment auprès du premier noyau de colons établis à Alger (10). A la différence du théâtre, le projet d’une bibliothèque publique, ne suscita pas le même engouement et ne suivit pas le même cheminement. Il fut l’œuvre du duo Clauzel/Berbrugger : une bibliothèque comme espace central de façonnement des normes et de fabrication de l’opinion. Quant au projet de musée, il fut introduit, un peu plus tard, de proche en proche, à l’ombre de la bibliothèque, d’abord sous la forme d’annexe. Pour mieux situer la place et la signification du Musée d’Alger, du moins dans les premières étapes constitutives, il est, d’abord, nécessaire de décliner le processus de création de la Bibliothèque publique, dans lequel il était inscrit, quoique en périphérie. Le projet de création d’une Bibliothèque publique à Alger fut soumis, en 1832, par l’Intendant civil, M. Genty Debussy, aux Ministres des travaux publics et de la guerre pour adoption (11) . Il fut ajourné, faute de fond livresque et de budget. Une année plus tard et devant l’insistance de Clauzel [qui n’était plus à Alger] (12), exprimée dans un courrier appuyé, l’Intendant civil réagit d’une manière quelque peu laconique : « M. le président du conseil des ministres, sur ma proposition, a bien approuvé en principe la création d’une Bibliothèque publique à Alger ; mais je ne suis pas encore informé que ce projet doive bientôt recevoir son exécution. Je ne viens pas moins de demander à son Excellence qu’elle veuille bien vous confier (à M. Berbrugger) la direction de ce dépôt scientifique, aussitôt qu’elle sera en mesure de nous en faire l’envoi (13). En 1935 Clauzel est de retour à Alger et cette fois-ci pour occuper le poste de gouverneur général des possessions françaises d’Afrique du nord. Aussitôt arrivé, il réactiva le projet de la Bibliothèque, en nommant Berbrugger à la fois comme bibliothécaire et rédacteur-en-chef du journal le « Moniteur algérien » (14) et en instruisant que c’est «à lui [Berbrugger que] doivent être adressées les articles, avis et annonces que les chefs de service auraient à faire insérer dans la feuille officielle, ainsi que toutes les communications propres à faire connaitre les efforts constants de l’administration et les progrès de la colonisation» . V. L ’énoncé F ondateur de la B ibliothèque- M usée D 'alger En introduction du « Livret explicatif des collections diverses de [la Bibliothèque-Musée d'Alger] », paru en 1861, Berbrugger avait écrit, en guise d’exposé des motifs : « La conquête de l’Algérie ouvrait simultanément au progrès de la civilisation et aux investigations de la science, la partie la moins accessible jusqu’alors de ce continent d’Afrique, toujours si enveloppé de mystères. Vestiges de l’antiquité romaine où des époques indigènes, produits pittoresques de l’art arabe, sol, plantes, animaux ; tout attirait l’attention de nos compatriotes. Aussi, la pensée de créer un établissement où les curiosités locales seraient recueillies et conservées, vint elle, pour ainsi dire, à tout le monde et presque dès le premier jour. Le besoin d’une Bibliothèque publique se faisait encore plus sentir. Car, si chacun comprenait qu’il fallait sauver de l’oubli, mettre à l’abri de la destruction les vénérables vestiges du passé, recueillir les documents propres à jeter quelque lumière sur les questions d’histoire et de science qui intéresse l’Afrique, on comprenait surtout qu’il importait de fournir à la population européenne, venue ici pour fonder un nouvel empire, les éléments de culture intellectuelle propres à l’empêcher de tomber au niveau des Barbaresques dont elle venait de détruire la sinistre puissance" (15). Ainsi fut créée la Bibliothèque d’Alger (16), dans une ancienne maison domaniale, sise « impasse du Volume XXIII Issue II Version I 65 ( ) Global Journal of Human Social Science - Year 2023 D © 2023 Global Journals The Museums of Algeria in the French Historiographical Field
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