Global Journal of Human Social Science, D: History, Archaeology and Anthroplogy, Volume 23 Issue 2

archéologique, ethnographique et artisanal, transféré en métropole depuis 1830. IX. L ’idée de M usée D ans la P erspective du « R oyaume A rabe» La phase de conquête (1830-1848) était marquée du sceau des expéditions militaires, dans leur forme la plus violente mais qui, paradoxalement, sous le couvert académique des commissions dites d’exploration scientifique, avaient ouvert le champ à l’intérêt archéologique. L’emprise militaire était tellement prégnante, face à un corps réduit de scientifiques, d’ailleurs minutieusement choisis, ne pouvait prétendre au label des expéditions d’Égypte, menée sous un directoire (1798-1801) et de Morée sous le roi Charles X (1829). En 1848, une nouvelle s’annonçait, celle de l’annexion de l’Algérie à la deuxième République française (1848-1851) puis au Second empire (1851- 1870). Le passage de la Monarchie de juillet au régime républicain, voit l’élection du neveu de Napoléon premier, Louis Napoléon Bonaparte (Napoléon III), à la présidence de la République. Avec l’instauration du Second empire, en 1851, le même Napoléon III est proclamé Roi. La question algérienne allait connaître un autre énoncé, en totale rupture avec les objectifs de la conquête. «L’Algérie est un boulet attaché aux pieds de la France», soulignait-il, pour se démarquer de la stratégie de la colonisation telle que conçue par les français d’Algérie. C’est sous son règne que cessa la gouvernance militaire du territoire, avec l’établissement d’une administration civile à travers, notamment, la nomination d’un gouverneur général et la départementalisation du territoire. Les dispositifs institutionnels, juridiques et financiers en matière d’architecture, d’urbanisme et d’archéologie furent revus, tout particulièrement en ce qui concerne les fouilles, la propriété des découvertes, l’occupation du terrain, l’attribution des subventions, et la conservation des documents. Des sociétés savantes se constituèrent à Constantine, Alger et Oran; elles recrutèrent parmi les médecins, avocats, ingénieurs et architectes, qui jetèrent les premiers jalons d’une conscience coloniale d’un héritage archéologique romain et paléochrétien, celui qui participait à la légitimation et la justification de la présence française en Algérie. Cet engouement soudain pour l’archéologie ne procédait pas directement d’une commande sociale ou d’un intérêt scientifique et d’érudition. «On ne peut guère s'occuper d'art, on a bien autre chose à faire", disait M. McCarthy (31). Il relevait de la personnalité même de Napoléon III qui, d’une part, s’employait à une mise sur orbite de l’œuvre napoléonienne d’Egypte et de Morée, comme œuvre de prestige d’empire, avec comme arrière fond son projet de «Royaume arabe» et, d’autre part, s’y investissait directement pour la réalisation de son ouvrage sur l’« Histoire de Jules César». Cette entreprise imposait, d’elle-même, un choix judicieux de chercheurs et d’hommes de science de grande notoriété. Ainsi après un règne «militaro-académique», marqué par une approche désordonnée, sans support épistémologique et méthodologique de l’archéologie, vont apparaître quelques personnalités remarquables, par l’originalité de leurs travaux, qui annonçait véritablement le début d’une science archéologique en Algérie. Dans ses premières expressions officielles, la recherche archéologique, en Algérie, se résumait à une activité de collecte et d’étude des inscriptions latines, sur instruction du Ministère de l’instruction publique, dans la perspective d’un arrimage de l’exploration scientifique coloniale aux institutions de recherches traditionnelles, ici l’Académie des inscriptions et belles- lettres et son rôle de valorisation et de diffusion des connaissances dans les domaines de l’histoire, de la philologie, de l’archéologie, de la linguistique et de la littérature, ainsi que sa mission de contrôle de la recherche à l’étranger et d’avis sur la nomination aux postes d’enseignement et de recherche des grandes institutions françaises. Trois personnages ont marqué, par leurs travaux, la connaissance de l’antiquité de l’Afrique du nord, d’abord Léon Renier (1809- 1885) , puis un peu plus tard, Antoine Héron de Villefosse (1845-1919) et René Cagnat (1852-1937). Le premier, historien, spécialiste d'épigraphie latine, orienté vers la philologie et l'archéologie, fut chargé, entre 1850 et 1852, de recueillir les inscriptions romaines de l'Algérie. Le second, élève pensionnaire de l’Ecole des Chartes, attaché au Musée du Louvre et également professeur en épigraphie latine à l’Ecole des hautes études – ayant initié, entre autres, l’élève Stéphane Gsell au déchiffrement et à l’interprétation des inscriptions - Il a été chargé de relever les inscriptions qui venaient d’être découvertes dans la province de Constantine. Un passage à Tipasa lui permis de relever quelques inscriptions. Le troisième, normalien, agrégé de grammaire, épigraphiste, latiniste et spécialiste de l'histoire du monde romain, fut chargé de mission en Tunisie, par le Ministère de l'instruction publique. En Algérie, il occupa, entre 1887 et 1914, le poste d’inspecteur général des missions archéologiques de l’Algérie. Le premier corpus des connaissances de l’Antiquité de l’Afrique du nord, est le fait de ces trois chercheurs. Leur avis et points de vue étaient sollicités par l’administration et le monde scientifique. Ils sont les fondateurs de la recherche dans le domaine des antiquités en Algérie. Volume XXIII Issue II Version I 69 ( ) Global Journal of Human Social Science - Year 2023 D © 2023 Global Journals The Museums of Algeria in the French Historiographical Field

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