Global Journal of Human Social Science, D: History, Archaeology and Anthroplogy, Volume 23 Issue 2
des deux sectes d’Hanifa et de Malek ainsi que les commentaires et les gloses des plus savants docteurs. Les traités relatifs à la langue arabe en général, à la grammaire élémentaire, à la rhétorique, logique, etc abondent surtout. La poésie idéale ou technique est représentée par 3590 poèmes ou pièces de vers en différents genre. 60 manuscrits appartiennent à l’histoire, la géographie, les voyages, les contes etc., enfin il y a des ouvrages sur la médecine, la philosophie, l’astronomie, la géographie, la physique, la métaphysique, la magie, l’astrologie etc. » (1861). Il va de soi, que la collecte de ce corpus de manuscrits et d’ouvrages, est le produit d’un processus de confiscation et de dépossession, au passage des colonnes militaires, de Bibliothèques musulmanes et de leurs fonds précieux de manuscrits qu’elles conservaient et qui témoigne de l’ancrage profond d’une culture d’érudition, développée dans les mosquées, les medersas et les établissements confrériques. L’essentiel de ces Bibliothèques « khizanates el kuttub » a été détruit par cette pratique d’effacement de la mémoire de la filiation institutionnelle. Ainsi, le fonds initial de la Bibliothèque- Musée relevait d’une politique d’acquisition fondée sur la de la collecte contingente et occasionnelle, qui ne pouvait ou plutôt ne devait se soucier d’inventaire et de catalogage. XII. L ’idée de M usées C ommunaux En 1859, dans « Instructions pour la recherche des antiquités en Algérie» , paru dans la « Revue algérienne et coloniale», Léon Renier fit un véritable réquisitoire sur la pratique muséale en Algérie, dénonçant les opérations de transfert des antiquités vers le Musée d’Alger et la métropole, qui leur ont fait perdre une grande partie de leur la valeur, les réduisant à de simples objets de curiosité sans signification historique. Dans un long plaidoyer scientifique, il insista sur le fait que certains objets n’ont d’importance que par leur intérêt local, telles les inscriptions municipales et les éléments de bornage, qui ont été maladroitement acheminés vers le Musée d’Alger ou transférés en métropole. Le problème de la concentration archéologique (Musée central) a été abordé, par l’auteur - au-delà des aspects scientifique et éthique - d’un point de vue politique et patrimonial, dans un argumentaire qui fait du nouveau colon français le citoyen d’une deuxième France « les inscriptions antiques en général sont tout ce qui nous reste des archives des cités romaines, qu'elles sont la propriété des communes françaises qui se forment aujourd'hui sur le territoire de ces cités, et qu'en dépouiller ces communes, c'est leur enlever les premiers titres de leur histoire ». C’est à coup sûr, dans l’esprit de l’instruction du Prince Jérôme que l’auteur s’est investi pour infléchir l’option centralisatrice de Berbrugger et libérer l’initiative des musées communaux. Pour illustrer ses propos, il cita les exemples des sites de Lambèse, de Constantine et de Cherchell, qui n’avaient cessés d’être «massacrés» qu’à la suite d’une prise de conscience locale et la création de musées communaux. C’est, concluait-il , «ce qu’il faudrait faire pour toutes les villes situées sur l'emplacement ou dans le voisinage de ruines considérables, ce qui a été fait pour Constantine et pour Cherchell, et il n'est pas douteux qu'on ne voie s'y reproduire le même phénomène, phénomène dont les études archéologiques ne seront pas seules à profiter, il est permis d'en faire la remarque, mais qui a aussi une importance politique, car il est un indice du développement des mœurs municipales, de la naissance de cet amour de la patrie locale, dont le défaut est une des principales maladies des colonies nouvelles ». L’option des musées communaux, préconisée par l’auteur, était assortie de recommandations méthodologiques et opérationnelles, celles d’abord de confier l’administration du musée à la municipalité et la surveillance et le contrôle à un conservateur spécialisé, qui serait, en même temps, chargé de veiller à la conservation des monuments d’architecture. Ce fonctionnaire devait tenir un registre dans lequel sont indiqués «l'époque de l'entrée de chaque monument au musée, sa provenance exacte, le nom de la personne qui l'aurait découverte, celui du donateur quand le monument aurait été offert à la ville par un particulier, et ces diverses indications devraient être reproduites sur des étiquettes, placées sur les monuments eux-mêmes, de manière à pouvoir être lues par les visiteurs». Nous comprenons parfaitement le sens de ces indications, allusion faite au Musée central d’Alger, qui ne répondait à aucune norme muséographique et règle de conservation. Dans la réalité et en arrière fond de cette option locale, se dessinait un nouveau paysage où le militaire et l’administratif sont de plus en plus rattrapés par une société civile – les colons – qui voulait s’impliquer directement dans un effort de construction d’une mémoire et d’une histoire coloniales, tout en bénéficiant des retombées économiques d’un tourisme fondé sur la valorisation des richesses archéologiques. Une rivalité voire une concurrence s’était installée entre une option centralisatrice, celle du Musée central d’Alger, voire du Musée algérien du Louvre et une option libérale, inscrite dans le nouvel esprit coloniste, encouragée par les réformes introduites, qui annonçaient la fin de l’utopie du «Royaume arabe », avec l’adoption du Senatus consulte de 1865, la création des communes de plein exercice à la française, l’instauration du code de l’indigénat, qui excluait les «indigènes» de la citoyenneté française, le décret de Crémieux qui ouvrait la nationalité française aux juifs d’Algérie et celui qui donnait la nationalité aux Volume XXIII Issue II Version I 71 ( ) Global Journal of Human Social Science - Year 2023 D © 2023 Global Journals The Museums of Algeria in the French Historiographical Field
RkJQdWJsaXNoZXIy NTg4NDg=