Global Journal of Human Social Science, D: History, Archaeology and Anthroplogy, Volume 23 Issue 2

la marine et des colonies, Chasseloup-Laubat qui mit fin à sa carrière. Il décéda un peu plus tard, en 1869 à Alger. La gouvernance Berbrugger, qui avait traversé la Monarchie de juillet, la deuxième République et le Second empire (un demi-siècle), pris ainsi fin sans encombres. A la prise de fonction de La Blanchère, l’exigüité des locaux du Palais Mustapha Pacha, les mauvaises conditions de conservation (fragilité des structures, faible luminosité), qui commandaient une restauration urgente – elle n’aura jamais lieu - avaient empêché la mise en place d’un dispositif muséal à la dimension d’un musée central. C’est bien plus tard, en 1893, qu’un nouveau musée fut crée, par le Ministre de l’instruction publique et des beaux-arts, à Mustapha supérieur, dans une maison occupée jadis par une école normale primaire (au sein du jardin pittoresque qui pris le nom de parc de Gallant). Ce musée était organisé en deux sections, l’une spécialisée dans la période antique et l’autre dans la période musulmane où «section Art musulman». Il abritait, en outre, le fonds de l’exposition permanente des produits de l’Algérie (armes, objets d’art, trophées…). XVI. L e M usée S téphane G sell : E ntre R upture et R enouveau L’évocation du nom de Stéphane Gsell résume, à elle seule tout un schéma conceptuel et méthodologique de l’enseignement et de la recherche dans les domaines de l’archéologie, des monuments et des musées en Algérie, celui qui détermina toutes les politiques entreprises dans ces domaines. S. Gsell s’établit, sans partage, sur tous les espaces et domaines d’intérêt où, jadis, régnaient en maître des compétences qui investissaient dans des disciplines et des thématiques bien encadrées. Le remplacement de R.M. de La Blanchère voire son effacement par son collègue de l’Ecole française de Rome, S. Gsell, est significatif d’une politique de rupture avec un ordre établi et d’annonce de nouvelles orientations, en phase avec le projet coloniste de la IIIème république. Gsell fut appelé, en 1891 à l’Ecole supérieure des lettres d'Alger, pour enseigner l’archéologie, en qualité de chargé de cours. Il fut, ensuite, en 1902, nommé inspecteur des antiquités de l'Algérie et directeur du Musée d'Alger puis, en 1919, inspecteur général des musées archéologiques de l'Algérie. Un dispositif institutionnel qui aboutit, en 1923, à la création de la Direction des antiquités (Service des antiquités), une institution du gouvernement général de l'Algérie. Cette évolution institutionnelle, concomitante d’une progression fulgurante de la carrière de Gsell, qui nous rappelle le parcours d’A. Berbrugger, appelle à un examen et un approfondissement du profil et de l’itinéraire de ce personnage, qui a marqué l’histoire de l’archéologie, des monuments et musées algériens. S. Gsell est né en 1864 à Paris, dans une famille d’origine alsacienne et de religion protestante. Elève de l’Ecole normale supérieure, en 1883, il devint membre de l’Ecole française de Rome, entre 1886 et 1890, puis membre correspondant de l’Académie des inscriptions et belles lettres, en 1902, et membre permanent en 1923. Après quatre années d’études à l’Ecole française de Rome, il obtint son Doctorat, en 1894, avec une thèse principale consacrée au règne de l’empereur Domitien, qu’il acheva en 1892 et une thèse secondaire sur Tipasa, « De Tipasa Mauretaniae Caesariensis urbe» qu’il termina en 1894. Il a eu le privilège, lors de son séjour à Rome, de fouiller une partie d’une importante nécropole étrusque du nom de Vulci, située à Montalto di Castro, en province de Viterbe, région Latium, en Italie centrale (32) . Cette fouille dura 5 mois, temps utile pour S. Gsell, qui s’exerça, sans relâche, à la pratique de la fouille archéologique, dans le sens entendu de l’époque, celle d’une activité de collecte, de relevé et de catalogage, un moyen technique qui s’inscrit dans le processus: observation-enregistrement-publication. Gsell n’était pas parti de rien, les objets issus de la fouille étaient, en fait, des matériaux qui illustraient une histoire, celle des Etrusques, telle que transcrite par les Anciens. Gsell ne connaissait rien à l’Algérie ni à l’Afrique du nord, d’autres plus indiqués que lui, avaient la notoriété et l’expérience de terrain. La Blanchère était en poste à Alger, à la fois au Musée et à l’Ecole supérieure et Jules François Toutain, normalien, agrégé d’histoire, membre de l’Ecole française de Rome (1890-1892) et africaniste, avait séjourné pendant deux ans à Tunis, où il occupa le poste d’inspecteur des antiquités auprès du Service des antiquités, dirigé par La Blanchère, en s’investissant, en tant que représentant de l’Ecole française de Rome, dans des recherches archéologiques, à la fois en Tunisie (fouilles de Tabarka et autres sites autour de Carthage) et en Algérie (fouilles de Tigzirt et Taksebt, en Kabylie). C’est le philosophe Louis Liard, directeur de l’enseignement supérieur (33), qui porta son dévolu sur S. Gsell, à un moment de grands bouleversements, sous la IIIème République, dont la grande réforme de l’enseignement. Le choix d’un tel profil était significatif – comme nous le verrons plus loin - d’une option qui allait assurer et garantir l’emprise de la marque latino- chrétienne sur un territoire à recréer: L’Algérie. Une perspective paradoxale qui va à contre courant de la dynamique de l’histoire en métropole, dont le maitre mot était la laïcisation. Au même moment, le cardinal Lavigerie, missionné par le pape Léon XIII, négociait son ralliement à la République. (34) Volume XXIII Issue II Version I 74 Global Journal of Human Social Science - Year 2023 © 2023 Global Journals The Museums of Algeria in the French Historiographical Field ( )D

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