Global Journal of Human Social Science, E: Economics, Volume 22 Issue 1
recentrage de l’action des gouvernements africains sur l’accélération du processus de développement est encouragé par de nombreux partenaires au développement qui estiment qu’il ne peut y avoir de véritable politique de développement durable sans une politique ambitieuse de création de richesses à travers l’investissement. Pourtant, l’observation de l’évolution économique et sociale des pays d’ASS au cours de ces dernières années montre que les phases de croissance de l’investissement sont généralement accompagnées par des hausses de l’endettement public et qu’à l’inverse, la constance et/ou la baisse des taux d’investissement s’accompagnent de la hausse de taux d’intérêts et d’imposition pour honorer les services de la dette. En effet, la période allant de 1980 à 2000 marquée par un endettement excessif en ASS est également celle pendant laquelle les taux d’investissement sont élevés avec une moyenne de 26,12% du PIB (Kengdo et al. 2020). Par contre, la phase de réduction massive de l’endettement observée entre 2000 et 2017 a été marquée par une baisse ou une constance de l’investissement. Le taux moyen d’investissement est passé de 21,71% entre 2000 et 2008 ; 20,94% en 2010 ; 21,63% en 2012 ; 22,75% en 2014 ; 20,9% en 2016 et 20,52% en 2017 (Kengdo et al. 2020). Quelle que soit l’état de la conjoncture économique, les taux moyens d’investissement ont montré une tendance à la baisse ou à une constance au cours de cette période de l’endettement. Du fait de cette tendance de l’endettement, la nouvelle orientation donnée à la stratégie de développement en ASS, en plaçant les défis de l’investissement au centre des préoccupations en matière de développement durable, appelle avec urgence à l’analyse de l’effet de l’endettement public sur l’investissement privé. De cette analyse en effet, découleront les implications permettant de juger du caractère bénéfique de l’endettement public afin d’examiner la capacité de l’investissement privé à booster la croissance économique des états d’ASS. Dans les années 1980-1990, suite aux déséquilibres macroéconomiques et financiers constatés à la fin des années 70 provenant de la combinaison de politiques internes inadaptées (recours excessif à l’emprunt, projets non productifs) et à une mauvaise conjoncture économique mondiale (hausse des prix des matières premières, chocs pétroliers), nombre de pays d’ASS avec l’appui de la Banque Mondiale et du FMI ont eu recours à des Plans d’Ajustement Structurels (PAS) 3 grâce à des partenariats mondiaux à tous les niveaux de la politique, de l’économie et de la société. 3 L’ajustement structurel est un ensemble de réformes économiques de « libre marché » parrainées par le FMI et la Banque mondiale, par lesquelles les prêts aux pays en développement confrontés à des problèmes de balance des paiements sont fondés sur certaines conditions (Mohan, 2000; Ansah, 2017) , justifiés par la nécessaire solvabilité des Etats. Cependant, à la suite de l’adoption des PAS, les pays d’ASS se sont davantage enfoncés dans un cercle vicieux. Globalement, le niveau d’endettement de la région, en pourcentage du PIB, est passé de 22,37% à 53,97% entre 1980 et 2000 (WDI, 2018). L'encours total de la dette publique a doublé, passant de 35 000 milliards de dollars en 2007 à 70 000 milliards de dollars en fin 2018. Au cours de la même période, la dette publique est passée de 70% à 102% du PIB dans les économies avancées et de 35% à 50% du PIB dans les pays émergents et Économies en développement (Huang et al. 2019). Ainsi, le service de la dette coûte plus cher et les coûts peuvent dépasser la capacité de la nation débitrice, ce qui aura ainsi un impact négatif sur la capacité de la nation emprunteuse à atteindre les objectifs monétaires et budgétaires souhaités (Odhiambo, 2020). En effet, les conséquences de la dette publique croissante ont toujours suscité des inquiétudes en ASS. Ainsi, la charge importante de la dette et de son remboursement, dans les pays en développement compromettant sérieusement leurs performances économiques, ont conduit les institutions internationales ainsi que les créanciers bilatéraux à lancer l’initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (IPPTE ) 4 en 1996 complétée en 2005 par l’Allègement de la Dette Multilatérale (IADM) 5 . Ces actions ont certes permis d’atténuer le poids de la dette, mais les besoins de financement liés aux déficits importants notamment en infrastructures entraînent une reconstitution progressive du stock de la dette dans de nombreux pays. Toutefois, malgré l’atteinte de l’Initiative en faveur des PPTE, la dette extérieure des pays diminue considérablement mais augmente progressivement par la suite. En effet, l'encours total de la dette extérieure des Etats s'élève désormais à 19,51% et 21,94% respectivement en 2008 et 2010 ; 23,12% en 2012 ; 24,08% en 2014 ; 31,12% en 2016 et 32,84% en 2017 (Kengdo et al. 2020). La vulnérabilité de la dette et les problèmes de service se sont accentués ces dernières années dans les pays africains, le nombre de pays ayant un taux d'endettement supérieur à 75% du PIB ayant doublé depuis 2011 (CEA, 2019) 6 Dans la suite de ce travail, nous présentons tour à tour la revue de la littérature (II), la méthodologie adoptée (III), les résultats et interprétations (IV) et enfin . 4 Initiative des Pays Pauvres Très Endettés : cette initiative détermine le niveau de seuil soutenable de dette à 45% la moyenne du ratio de la dette extérieure sur PIB et à 150% le ratio de la dette d’exportation. 5 Initiative d’Allègement de la Dette Multilatérale : Cette initiative permet à tous les pays qui ont franchi le point d’achèvement de bénéficier d’une annulation de 100% de leur dette contractée auprès du FMI, de la BM et de la BAD. 6 Commission Economique des Nations Unies pour l'Afrique. Rapport économique sur l'Afrique, 2019. Volume XXII Issue I Version I 62 ( ) Global Journal of Human Social Science - Year 2022 © 2022 Global Journals E Public Debt and Private Investment in Subsaharan Africa
RkJQdWJsaXNoZXIy NTg4NDg=