Global Journal of Human Social Science, E: Economics, Volume 22 Issue 1

la conclusion et recommandations de politique économique (V). II. R evue de la L itterature Différentes approches ont examiné le lien entre endettement public et investissement privé. Ces travaux donnent généralement des enseignements sur l’effet linéaire de l’endettement public sur l’investissement privé. Toutefois, certaines études soutiennent plutôt que l’effet de l’endettement public est différent en fonction du niveau de celui-ci ; tandis que d’autres s’alignent sur une relation neutre entre ces deux concepts, ce qui suppose alors l’existence d’une relation non linéaire. a) Approche théorique de l’effet de l’endettement public sur l’investissement privé: la thèse de la linéarité Dans la littérature, différentes théories ont tenté d’expliquer la relation linéaire entre l’endettement public et l’investissement privé parmi lesquelles la théorie de Modigliani-Miller, le modèle à double écart de Chenery et Strout et la théorie du cycle de la dette d’Avramovic. Cette partie fera une brève présentation de ces théories. i. La théorie de Modigliani-Miller L’approche traditionnelle a cédé la place à la finance moderne grâce aux travaux de Modigliani et Miller (1958). Ainsi, la théorie de Modigliani-Miller (1958) est une approche fondamentale de la finance d’entreprise moderne. En supposant que le taux d’imposition est nul, les auteurs affirment que la structure du capital n’a aucun rapport avec la valeur de l’entreprise ou que l’entreprise n’a aucun moyen d’augmenter sa valeur en modifiant la structure du capital (Thanh et Huu, 2020). Dans leur article publié en 1958 dans American Review intitulé The cost of capital, Corporation Finance and the Theory of Investment , Modigliani et Miller (1958) proposent des hypothèses extrêmes dans le but de montrer sous quelles conditions la politique d’endettement ne compte pas. Par la suite, Modigliani (1961) a fait valoir qu’une augmentation de la dette nationale est avantageuse pour ceux qui existent au moment de l’augmentation, mais c’est la prochaine génération qui supporte le fardeau de la dette nationale actuelle grâce à une réduction du stock de capital privé (Mutua, 2019). En acceptant le principe de la déductibilité fiscale des charges d’intérêts liées au financement par endettement, Modigliani et Miller (1963) trouvent que la valeur d’une entreprise augmente avec le taux d’endettement de celle-ci (Niyuhire, 2019). En effet, ils montrent que la valeur des entreprises dont la structure du capital est plus endettée est égale à la valeur marchande des entreprises non endettées dans leur structure du capital plus ce qu’on appelle le « bouclier fiscal » (Nguyen et Nguyen, 2020). Pour ces derniers, cette théorie suppose que la structure du capital influence la valeur marchande de l’entreprise. ii. Le modèle à double écart de Chenery et Strout Le modèle à double écart a été développé par Chenery et Strout en 1965 comme une extension du modèle Harrod-Domar de 1946 en économie ouverte (Ebi et Imoke, 2017). En effet, cette théorie postule que l’investissement est une fonction de l’épargne (Fagbemi et Salomon, 2019). Par ailleurs, Chenery et Strout constatent l’existence de deux écarts (épargne et change) que ces derniers constituent une contrainte à l’atteinte d’un taux de croissance cible (Jhingan, 2002, Ebi et Imoke, 2017). En effet, pour combler le déficit de l’épargne intérieure, la théorie souligne que des capitaux provenant des sources externes sont nécessaires pour financer l’investissement (Panizza et Presbitero, 2012 ; Fagbemi et Salomon, 2019). Allant dans le même sens, Chenery (1966) postule que l’écart d’épargne peut être comblé grâce à des aides étrangères sous forme de prêts, de subventions et d’investissements directs étrangers (IDE). Ainsi, la principale préoccupation de cette théorie est de vérifier si ces ressources externes stimulent ou non l’investissement privé. De ce fait, connaissant qu’historiquement en Afrique, la majeure partie de prêts sont généralement accordés par des sources étrangères sous forme de prêts à long terme et à des conditions concessionnelles, Fosu (1996) émet l’hypothèse que les pays confrontés à des remboursements de service élevés par rapport à ses ressources disponibles, peuvent connaître un niveau investissement relativement faible (Fagbemi et Salomon, 2019). iii. La théorie du cycle de la dette (Avramovic, 1964) Selon cette théorie, la durée d’un cycle varie en fonction des hypothèses retenues sur le taux de croissance cible, le taux d’intérêt, le taux d’épargne, le taux d’investissement et la durée moyenne de prêt (Njamen et al. 2020). Ainsi, Avramovic (1964) considère qu’à partir d’une dette nulle, le cycle d’endettement peut durer 36 ans, dont 26 ans pour la phase de croissance et 10 ans pour la phase de décroissance. Toutefois, cette théorie est problématique car la plupart des pays en développement restent confinés dans la première phase du cycle avec une explosion de la dette et des mauvaises performances économiques (Avom et al. 2015; Njamen et al., 2020). A juste titre, Avramovic (1964) considérait que des ratios d’endettement qui ne connaissent pas une tendance explosive seraient suffisants pour garantir la possibilité d’un endettement continu. Face à ces limites, Aliber (1980) s’interroge sur le niveau d’endettement optimal. Ainsi, il trouve que les conséquences sur la croissance de l’endettement peuvent être analysées séparément pour les problèmes de solvabilité et de liquidité. Pour assurer la solvabilité à long terme, il est essentiel que le taux d’intérêt réel sur la dette extérieure supplémentaire soit égal à la © 2022 Global Journals Volume XXII Issue I Version I 63 ( ) Global Journal of Human Social Science - Year 2022 E Public Debt and Private Investment in Subsaharan Africa

RkJQdWJsaXNoZXIy NTg4NDg=