Global Journal of Human Social Science, E: Economics, Volume 22 Issue 1

productivité marginale du capital. Par conséquent, le taux de croissance de la dette extérieure doit être égal au taux d’intérêt réel. La dette augmente alors au même rythme que la capacité du pays à payer le service de la dette (Njamen et al, 2020). b) Approche théorique de l’effet de l’endettement public sur l’investissement privé: les thèses de la neutralité et du non linéarité L’analyse de l’effet de financement par endettement sur le capital privé a fait l’objet des contributions théoriques nombreuses et variées dans la littérature économique reflétant aussi bien l’évolution des préoccupations théoriques que l’apparition des nouveaux enjeux. De ce fait, nous présentons successivement la théorie de l’équivalence ricardienne, la théorie de surendettement et la théorie de l’effet d’éviction et de la courbe de Laffer de la dette. i. La neutralité de la relation endettement public- investissement privé: la théorie de l’équivalence ricardienne La théorie de l’équivalence ricardienne postule que l’effet des dépenses publiques sur l’économie est d’une indépendance totale de la façon dont les dépenses publiques sont financées entre l’impôt, l’emprunt ou même la création monétaire. La contribution de Barro (1974) a permis d’élargir l’analyse aux transferts intergénérationnels. Buchanan (1976) en appliquera le principe aux politiques économiques keynésiennes, pour en montrer l’inefficacité. En effet, Barro (1974) soutient que la relance budgétaire est inefficace pour atteindre la croissance économique. D’après Cassar (2018), le théorème d’équivalence ricardienne proposé par Barro (1974) suggère que peu importe la manière dont le gouvernement finance les dépenses supplémentaires, que ce soit par hausse d’impôt ou par émission d’obligation, la consommation à long terme restera inchangée. En outre, pour Sangweme et Odhiambo (2019), le fondement théorique du théorème de l’équivalence ricardienne repose sur six hypothèses. La première est que les marchés des capitaux sont parfaits. La deuxième hypothèse est que la croissance de la population, qui est dans ce cas les contribuables, est constante. Troisièmement, on suppose que les agents économiques sont rationnels et ont une vision parfaite de l’avenir. La quatrième hypothèse stipule qu’il existe un horizon temporel infini avec des transferts intergénérationnels. La cinquième hypothèse suppose que la charge fiscale future pour le service de la dette publique est entièrement supportée par ceux qui bénéficient de la réduction d’impôt initial. Enfin, la sixième hypothèse suppose qu’il existe des taxes sans distorsion (Barro, 1974, 1989 ; Buchanan, 1987). ii. Impact négatif de l’endettement public sur l’investissement privé: théorie de surendettement Le surendettement survient lorsque la dette publique d’un pays dépasse la capacité de remboursement de ce pays compte tenu d’une certaine probabilité pour l’avenir (Mutasa et Mabula, 2019). Classens et Diwan (1989) définissent le surendettement comme une situation où la dette extérieure est tellement élevée qu’elle conduit à une faiblesse de l’investissement, compromettant même la réduction du service de la dette. La théorie de surendettement a été conçue pour la première fois par Myers (1977) dans ses travaux en finance d’entreprise pour expliquer la décision d’endettement d’une entreprise. En effet, Myers (1977) démontre qu’il existe toujours un seuil à partir duquel une entreprise peut emprunter sur les marchés financiers même si elle est disposée à payer des taux d’intérêt plus élevés. Ainsi, les projets ayant une valeur actuelle nette positive ne peuvent pas réduire l’encours de la dette de l’entreprise. En résumé, un lourd fardeau de la dette, indicateur d’une accumulation excessive de dette, limiterait l’investissement et vraisemblablement la productivité (Fagbemi et Salomon, 2019). La désincitation à l’investissement entrave davantage la croissance économique, ce qui fait pratiquement aux pays pauvres d’être pris dans le cercle vicieux de la pauvreté. La courbe de Laffer, qui est essentiellement non linéaire et en forme de U inversé, est un outil utilisé pour postuler le pic auquel le surendettement se produit. iii. La théorie du fardeau virtuel de la dette et la courbe de Laffer de la dette Dans une approche cyclique, Cohen et Sachs (1986), Krugman (1988) et Cohen (1995) ont donné naissance à la théorie du fardeau virtuel de la dette. Selon cette théorie, à partir d’un certain seuil, l’endettement réduit la consommation et l’investissement. En effet, si la dette extérieure a un effet indésirable sur l’investissement, l’effet n’est pas linéaire et ne se manifeste qu’à un certain niveau matérialisé par un graphique inspiré de la courbe de Laffer. En effet, c’est une courbe en cloche qui s’inspire de la courbe d’impôt popularisée au début des années 1980, reliant les taux d’impôts aux recettes fiscales. L’enseignement principal tiré de la courbe de Laffer est que pour un taux d’imposition suffisamment élevé, une hausse supplémentaire conduit à une réduction des recettes. Partant de l’idée qu’il existe un lien théorique entre le comportement d’investissement et le remboursement de la dette par le pays débiteur, une courbe en U inversé liant le niveau d’endettement au taux d’investissement a été créée. Elle permet la mise en évidence les effets de l’endettement public sur l’économie par une méthode empirique plus adaptée aux Etats à faible revenu (Patillo et al. 2002). Le principal Volume XXII Issue I Version I 64 ( ) Global Journal of Human Social Science - Year 2022 © 2022 Global Journals E Public Debt and Private Investment in Subsaharan Africa

RkJQdWJsaXNoZXIy NTg4NDg=