Global Journal of Human Social Science, E: Economics, Volume 22 Issue 2
gouvernance de l’agence permet de freiner le comportement opportuniste du dirigeant afin de créer un alignement des objectifs entre les parties prenantes (Madison et al., 2015). En somme, la théorie de l’intendance apporte un nouveau éclairage quant à la manière d’aborder et de gérer les relations dans les organisations. Elle permet d’enrichir la façon d’appréhender les modes de gouvernance dans les entreprises familiales, en abordant différemment le rapport aux risques et en mettant en exergue d’autres enjeux dans les rapports entre individus, en allant bien au-delà des simples considérations économiques. Plus particulièrement, cette vision de l’entreprise familiale suppose que les intérêts des actionnaires devraient être alignés avec ceux du dirigeant, réduisant ainsi les problèmes de divergence d’intérêts, dans la mesure où l’agent va agir dans le sens du principal (Madison et al., 2015). L’analyse des deux théories montre que la gouvernance des agences et de l’intendance servent leur objectif théorique ; celui de permettre un comportement pro-organisationnel et d’améliorer les performances des entreprises familiales (Shukla, Carney et Gedajlovic, 2014 ; Hiebl, 2019). Bessire et al. (2007), considèrent la théorie de l’intendance « comme une pièce supplémentaire dans le puzzle que constitue le corpus théorique sur la gouvernance des entreprises, une approche qui complète plutôt qu’elle ne contredit la théorie de l’agence » (cité par Yota R., 2016). Bien que la littérature traite la gouvernance de l’agence et la gouvernance de l’intendance en opposition, nous constatons que les mécanismes de gouvernances des deux théories remplissent leur fonction en terme de performance des entreprises familiales. De même, l’implication de la famille a le potentiel de créer des environnements de gouvernance d’agence et d’intendance, souvent caractérisés comme étant uniques aux entreprises familiales. II. R evue de L ittérature et E laboration Des H ypothèses Les liens existants entre la structure de propriété et la performance étant un thème émergent plus ancien. Historiquement, Adam Smith a considéré que les entreprises à capital diffus se démarquent par le fait qu’elles sont moins performantes par rapport aux entreprises détenues par leurs propriétaires. Tandis que Karl Marx affirmait que les entreprises à capital dispersé se comportent comme les autres ou les dirigeants agissent en tant que fonctionnaires du capital (Louizi, 2013). Également, la structure de propriété est l’un des mécanismes de gouvernance pouvant affecter la performance de l’entreprise. Elle est dédiée a résoudre les conflits d’intérêts entre les dirigeants et les actionnaires et réduire par la même les coûts d’agence associés à ce genre de conflits (Ayadi, 2013 ; Bousetta, 2019). Selon Charreaux (1998), il existe de nos jours trois conceptions principales qui semblent s’affronter quant à la relation entre la structure de propriété et la performance ; « la convergence d’intérêt , l’enracinement et la neutralité » . De ce fait, nous examinons dans les prochaines grandes lignes, les différents résultats issus de la revue de littérature relative à la relation entre la structure de propriété (la propriété managériale, la concentration du capital et la nature de l’actionnariat) et la performance financière. a) La propriété managériale Dans les entreprises managériales, la création de la valeur et l’amélioration de la performance constituent le défi majeur pour tous les dirigeants. Plusieurs recherches ont traité la nature de la relation qui existe entre la propriété managériale et la performance de l’entreprise (Jensen et Meckling, 1976 ; Brailsford, 2002 ; Kim et al. , 2004 ; Bousetta, 2019). En effet, les résultats de ces études sont contrariés. Certaines études ont montré que la détention d’une grande partie du capital par le dirigeant améliore la performance de l’entreprise et soutiennent donc la thèse de convergence des intérêts de Jensen et Meckling (1976). En défendant leurs intérêts personnels, les dirigeants iront forcément à l’encontre de l’objectif traditionnel, notamment la maximisation de la richesse des actionnaires. Cela constitue l’une des raisons laquelle Jensen et Meckling (1976) soutiennent l’idée d’accorder au dirigeant une part importante des actions de l’entreprise afin de résoudre les conflits d’intérêts entre les actionnaires et le dirigeant. Dans la même optique, Kim et al. (2004), affirment l’importance particulière de la propriété managériale dans les économies émergentes en prenant en considération le degré élevé d’asymétrie de l’information entre les parties prenantes internes et externes. Ces auteurs ont constaté une relation positive entre les deux variables lorsque le dirigeant possède une part en dessous de 31 % et au-delà de 71 %. Cependant, la relation entre la propriété du dirigeant et la performance est négative lorsque les dirigeants détiennent entre 31 % et 71 %. D’autres études ont soulevé l’hypothèse d’alignements des intérêts (Denis et Mcconnell, 2003 ; Berger et al ., 1997 ; Brailsford, 2002 ; Tran Thi, Que Giang, 2005). Le dirigeant qui détient une propriété managériale trop importante devient enraciné et risque d’échapper aux systèmes de contrôle en poursuivant ses propres objectifs au détriment de ceux des actionnaires. Ce genre de relation a forcément un effet négatif sur la performance des entreprises (Shleifer et Vishny, 1998). Dans ce sens, la détention d’actions par les dirigeants peut avoir un impact négatif sur la Volume XXII Issue II Version I 4 ( ) Global Journal of Human Social Science - Year 2022 © 2022 Global Journals E Corporate Governance and Financial Performance: The Family SMEs a Special Case
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