Global Journal of Human Social Science, G: Linguistics and Education, Volume 22 Issue 4
constructiva » (2000: 36). En euphorie avec ce qui précède, Onomo Abena affirme que Si l’on se réfère à tous les effets de sens qu’il peut produire. L’espace en dehors de la fonctionnalité structurale de la narration, est l’une des catégories textuelles qui permet le plus facilement de mettre en relation les structures discursives et la réalité socio-économique. Il peut permettre cette mise en relation des structures textuelles et des structures de société (1999 :250). Ainsi, sachant l’importance qu’à l’espace dans la structure socioéconomique, la société patriarcale céda des espaces de moindre solennité à la femme. Des espaces fermés tels que: a) La cuisine La cuisine que ce soit au Mexique ou au Cameroun apparaît comme un recoin fermé de la maison où la femme prépare les repas de la famille. Dans Como agua para chocolate , Laura Esquivel décrit la cuisine comme le centre de toutes les actions de la famille De La Garza. Etant veuve, Mamá Elena était toujours dans sa cuisine, de sorte qu’elle donna naissance dans cet espace: « Tita arrib ό en este mundo prematuradamente, sobre la mesa de la cocina entre los olores de una sopa de fideos » (Esquivel, 1989: 11). De prime abord, Laura Esquivel montre que la cuisine était un espace réservé à la femme car dans cet espace, elle pouvait établir ses règles, apprendre le rangement puisque « cada olla tiene un sitio preciso » (1989 :138) et, naturellement éduquer sa progéniture. Dans Comment cuisiner son mari à l’africaine , Beyala présente la cuisine comme ce lieu qui depuis la nuit des temps est un espace féminin. Allant dans le même sillage, Rosario Castellanos, parlant de la cuisine comme espace séculairement réservé à la femme, affirme dans une réflexio n 1 b) La chambre : « mon endroit est ici. Depuis le commencement des temps ça été ici » (2010). La cuisine en Afrique et particulièrement au Cameroun est le sanctuaire de la femme comme le stipule Beyala à travers sa protagoniste Aïssatou : « interdiction d’entrer [...] C’est mon royaume privé » (2000: 119). En effet, peu importe son aspect rustique, dans la mesure où il était le seul endroit qui échappait au control patriarcal, la femme a fait de la cuisine son endroit préféré. Elle y passe la majeure partie de son temps et ce, peu importe le climat : « par cette canicule, maman serait resté à la maison plantée devant un fourneau » (Beyala, 2000 : 20). Comme nous l’avons souligné plus haut, la femme n’avait que trois rôles sociaux qui se limitaient selon Bridenthal a: « Kinder, Küche, Kirche 2 1 Htpp// :WWW2.esmas.com/mujer/cocina 2 Maternité, Cuisine, sexe. » (1999: 346). Parmi ceux-ci, deux se déroulaient dans la chambre, donner du plaisir à l’homme et lui faire des enfants pour pérenniser son nom. La chambre n’était que ce lieu de rencontre de satisfaction sexuelle, étant dans la logique du « sois belle et tais-toi », l’homme n’attendait aucune remarque pertinente de la femme car, elle était considérée, d’après Antonia Miguela Domínguez, comme une « empleada doméstica » (2001: 83). La chambre apparaît donc comme un espace de reproduction avec pour objet sexuel, la femme. II. R e- S émantisation des E spaces F éminins D ans les Œuvres Dans Como agua para chocolate et Comment cuisiner son mari à l’africaine , les protagonistes féminins donnent un nouveau sens à l’espace cuisine en lui octroyant du pouvoir, et faisant de l’insignifiante cuisine un lieu de liberté et d’intimité. En effet, ce petit espace sibyllin que concéda le patriarcat à la femme a été sublimé par celle-ci, devenant la pierre angulaire de la famille au Mexique comme au Cameroun. a) La cuisine comme lieu de liberté Laura Esquivel et Calixthe Beyala dans leurs œuvres respectives montrent comment la femme réussit l’exploit de faire de sa cuisine un espace de liberté. Comme le préconisaient Sor Juana Inés de la Cruz (1978) et Virginia Woolf (1992), la femme a besoin d’un espace qui lui appartienne et qui échappe au control patriarcal afin qu’elle soit libre d’apprendre, libre de lire, d’écrire et de créer. La cuisine étant le seul espace féminin qui échappait au patriarcat, cet espace devient un lieu de liberté et de bonheur : « Tita cantaba y sacudía rítmicamente sus manos mojadas » (1989: 13). Dans Comment cuisiner son mari à l’africaine, Aïssatou « entreprend de faire la vaisselle en sifflotant » (2000: 106). La femme va apprendre alors à être libre dans sa cuisine. Elle fera de sa cuisine un espace de possibilités et de liberté. Cette liberté même qui lui était interdite par la société patriarcotraditionnel et machiste (qui la voulait totalement effacée, recluse, marginalisée) mais, la femme réussira subtilement à faire de son espace privé un espace de liberté ce, malgré les desseins d’infantilisation de l’homme. b) La cuisine comme lieu d’intimité Volume XXII Issue IV Version I 2 ( ) Global Journal of Human Social Science - Year 2022 © 2022 Global Journals G Re-Semantization and Empowerment of Female Spaces in Como Agua Para Chocolate and Comment Cuisiner Son Mari À L’africaine En outre, la cuisine apparaît aussi comme un lieu d’intimité dans Como agua para chocolate et Comment cuisiner son mari à l’africaine . La femme réussit à faire de sa cuisine un lieu de rencontre et d’intimité. C’est dans la cuisine que Pedro fit sa déclaration d’amour a Tita: «Tita caminaba apresuradamente hacia la cocina sin pronunciar una sola palabra. La cercanía de Pedro la ponía muy nerviosa [...] Fue entonces cuando Pedro le confesó su amor» (Esquivel, 1989: 22-23). En effet, Tita passait la plus grande partie de son temps à la cuisine. Par conséquent, Pedro n’eut autre alternative que de la
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