Global Journal of Management and Business Research, B: Economics and Commerce, Volume 23 Issue 1

Original Sin and Natural Cover in CEMAC Area 30 Global Journal of Management and Business Research Volume XXIII Issue I Version I Year 2023 ( ) B © 2023 Global Journals majeure au sein des économistes, tant pour comprendre ses origines que pour appréhender ses effets sur l’économie des pays en développement. S’agissant tout d’abord de ses origines, les premiers travaux en ont distingué globalement deux, notamment, la diversification internationale du portefeuille d’actifs, d’une part, et, l’asymétrie de taille entre les pays, d’autre part. En effet, les analyses relatives aux déterminants du péché originel montrent que ce phénomène reflète essentiellement les caractéristiques des marchés financiers mondiaux; ceci en s’appuyant sur une analyse des coûts et des bénéfices d’une diversification des portefeuilles au niveau global (Eichengreen, Hausmann et Panizza, 1999, 2005). En outre, en présence de coût de transaction, seuls les grands pays (pays industrialisés) sont en mesure d’emprunter à l’étranger dans leur propre monnaie. Ce fait échappe au contrôle des pays émergents et en développements qui ne peuvent que subir les conséquences de l’asymétrie de taille et des coûts de transaction entre pays (Eichengreen, Haussman et Panizza, 2005). Dans le prolongement de ces travaux, la littérature s’est penché sur les facteurs tels que la qualité des institutions, le choix de régime de changes, l’historique de défaut et de forte inflation, la crédibilité monétaire ou encore de niveau de développement financier (Borio et Packer, 2004; Eichengreen et al., 2007). Ainsi, pour Caballero et Krishnamurthy (2003), la dette en devise étrangère provient du sous- développement de marché financier local. Jeanne (2002) explique le péché originel par une imparfaite crédibilité monétaire. Le péché originel est donc renforcé par un faible degré de crédibilité, à l’origine d’une dollarisation de l’économie qui peut rendre les firmes vulnérables à une large dépréciation. Burnside, Eichenbaum et Rebelo (2001) montrent que la stabilité du taux de change aboutit à une augmentation du péché originel. La stabilisation du taux de change génère, en effet, des problèmes d’aléa moral, ce qui incite à l’accumulation des positions non couvertes (surtout dans le secteur privé). Les possibilités de couverture existent, mais ne sont pas utilisées. C’est ainsi que l’on peut recommander un taux de change flottant afin d’encourager les firmes et les banques à se couvrir contre le risque de change, et donc à valoriser correctement ce dernier. En ce qui concerne les analyses autour de ses effets sur l’économie 4 4 Cet article ne s’intéresse pas à cette partie de la littérature, déjà bien documentée. Le lecteur peut par exemple consulter l’article d’Akmar et al. (2005) pour des explications plus détaillées. , le péché originel se traduit par une importante « dollarisation» de la dette (le dollar constituant la principale monnaie de libellé de l’emprunt en devises) (Shin et Tu rner, 2015), ce qui est de nature à accroître la fragilité financière en cas de variations du taux de change. À terme, ces effets de bilans peuvent se traduire par une contraction de la production, une crise financière ou budgétaire. Ainsi, l’exposition d’un secteur de l’économie au péché originel fait peser sur ce dernier un risque d’autant plus important qu’il ne peut pas trouver de contreparties susceptibles de lui permettre d’avoir un actif dollarisé à la hauteur de son passif. Si ces dernières existent, une couverture est possible et se concrétise par la réalisation d’une transaction sur un marché. Celui-ci est le vecteur de propagation du péché originel vers d’autres secteurs, qui seront touchés à leur tour par la dollarisation partielle de leur passif. Le péché originel est alors une explication du risque systémique. Deux principaux enchainements peuvent être identifiés. Premièrement, la charge d’une dette dollarisée peut tout d’abord devenir trop lourde pour les firmes produisant des biens non échangeables, entraînant l’insolvabilité de nombre d’entre elles. Ceci se répercute sur la solvabilité du secteur bancaire. La stabilité étant un bien public, l’Etat est poussé à intervenir devant les risques d’une faillite bancaire, ce qui altère sa propre situation, surtout si ses fondamentaux ne pas solides. Deuxièmement, la crise peut provenir directement du secteur public, dont l’effet boule de neige de l’endettement, lié au péché originel, implique des difficultés de remboursement de ses dettes vis-à-vis du secteur bancaire. La crise se répercute alors sur les autres secteurs. A la suite de cette littérature, la question qui en a suivi est alors de savoir comment faire face à ce phénomène ? Une vaste littérature s’en est alors intéressée en se focalisant soit sur l’ajustement par les exportations (couverture naturelle) (Fujii, 2016), soit sur le développement des marché financiers domestiques (Haussman, 2005; Haussman et al., 2011) et soit sur l’abstinence (Haussman et al., 2011). Notre article s’intéresse à la première option. Ainsi, la prise en compte des effets relatifs au péché originel remet au gout du jour la question des revenus en devises et donc des réserves de change d’un pays (Eichengreen et al., 2007). En effet, l’accumulation de réserves (favorisé par les exportations) est considérée comme une assurance contre les risques attachés au péché originel 5 Miller (1996) a démontré que plus le consommation mondiale d’un pays est importante dans une devise, plus ce pays a tendance à prêter dans cette (Aizenman et al., 2007; Fujii, 2016). 5 Un pays qui ne dispose pas de revenus en devises subit les effets de la variabilité du taux de change de façon extrême (Fujii, 2016).

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