Global Journal of Management and Business Research, D: Accounting and Auditing, Volume 21 Issue 2

continuité d’exploitation ou encore, le règlement des difficultés des entreprises… En effet, dans ce contexte de crise les dirigeants sont incités à agir sur les résultats comptables en vue d’améliorer la situation de l’entreprise, car le financement devient très restreint pour certaines entreprises, qui doivent faire face à un manque de liquidités. Les taux de change et les prix des matières premières sont très volatils, et le risque de crédit augmente, tant pour les clients que pour les banques. Il est également évident que la crise actuelle affecte le contrôle interne et aggrave le risque de fraude. Durant cette période tumultueuse, l’environnement decontrôle peut être impacté, notamment en raison de la réduction du nombre de collaborateurs ce qui peut potentiellement affaiblir les mesures de contrôle ou les rendre inefficaces. En période de crise sanitaire, l’auditeur se trouve ainsi confronté à des contraintes qui peuvent nuire à sa capacité d’obtenir les éléments probants. De même, la séparation des fonctions, principe clé pour tout système de contrôle interne, peut être rompue. Les procédures d’autorisation peuvent aussi être affaiblies et surtout les informations nécessaires à la gestion opérationnelle ou quotidienne peuvent faire défaut. Toutes ces faiblesses de contrôle interne sont susceptibles d’accroitre la gestion des résultats à travers une présentation frauduleuse des comptes, surtout dans un contexte de détérioration de la rentabilité de plusieurs entreprises. De plus, le contexte de difficulté est susceptible d’exacerber les conflits d'intérêts entre les différentes parties prenantes et est particulièrement propice à la remise en cause des dirigeants ainsi qu’à la crédibilité de leur gestion. La communication sur la performance apparaît dès lors cruciale car elle révèle les choix de répartition des richesses créées et souligne la complexité pour une organisation de marier les attentes parfois antinomiques des différentes parties prenantes en matière de performance. Elle peut ainsi constituer un outil mobilisé par les dirigeants des sociétés en difficulté (Ben Amar et Zéghal, 2006; Holder-Webb, 2003) pour influencer la perception des destinataires de l’information transmise (Saboly, 2001) et ce particulièrement durant la période qui précède l’annonce des résultats. En effet, la littérature académique révèle que les stratégies en matière de communication sont susceptibles d’être accentuées durant cette période afin d’influer sur la réaction des marchés à l’annonce des résultats annuels et de minimiser la survenance de coûts légaux. Au Cameroun, il ressort d’une enquête de l’impact de la pandémie sur les entreprises publiée le 22 avril 2020 par le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam), que plus de 90% d’entreprises sont négativement impactées par la COVID19. 87% d’entre elles ont été contraintes d’opter pour le chômage technique ou aux réductions d’effectifs. Une option choisie par 50% des Petites et moyennes entreprises (PME), la tranche d’entreprises la plus impactée par la pandémie. Côté production, 69% des entreprises industrielles se disent affectées. Difficile dans ces conditions d’exporter le produit fini ou encore d’importer la matière première. Toutes ces stratégies choisies par les dirigeants des entreprises ont une influence sur les résultats comptables publiés en fin d’exercice et relèvent de la discrétion managériale, dans le respect des règles et principes comptables. En effet, les normes comptables en vigueur laissent un espace discrétionnaire aux dirigeants sous forme d'un ensemble de choix ou d'évaluation, cet espace discrétionnaire peut être utilisé par les dirigeants pour influencer les résultats comptables. Au Cameroun, la comptabilité générale s’arrimant aux normes internationales poursuit un objectif ultime contenu dans ses principes de base. C’est dans ce sens que le système comptable OHADA stipule que les chiffres doivent traduire une image conforme à la réalité, tant pour le patrimoine que pour la situation financière de l’entreprise. Cette visée met en exergue les exigences de transparence financière, d’image fidèle (Ngongang et Kadouamai, 2008). Selon Sangue et Bionomo (2018) ainsi que les partisans des théories descriptives et normatives de la comptabilité, tels que respectivement Littleton (1983) et Chambers (1955), les dirigeants des entreprises profitent de la liberté que leurs donnent certaines normes comptables avec l’environnement institutionnel pour adopter leurs propres pratiques comptables. Ainsi, certains principes comptables, la tolérance administrative et l’absence de contrôle comptable favorisent les mauvaises pratiques comptables comme l’absence d’établissement des états financiers. Cependant, ces théories ne font pas consensus au sein des comptables. En l’occurrence, la théorie positive de Watt et Zimmerman (1979 et 1990) rejette l’ancrage théorique construit par Littleton (1983) et Chambers (1955). D’après les tenants de la théorie positive, les dirigeants des firmes jouent un rôle considérable dans l’élaboration des règles comptables, par conséquent, il est nécessaire de comprendre leurs motivations et de déterminer les facteurs qui impactent leurs choix comptables. Dans cette perspective, l’objectif de ce travail est d'étudier si les dirigeants des sociétés en difficulté dans cette période de la pandémie de COVID-19 adoptent une technique de manipulation des informations comptables et financières différente de celles de la période avant cette crise sanitaire. En particulier, la question principale de recherche est de savoir : comment la crise sanitaire COVID 19 influence la gestion du résultat comptable dans les entreprises ? Pour ce faire, nous avons recours à une démarche qualitative permettant d’explorer ce courant © 2021 Global Journals 2 Global Journal of Management and Business Research Volume XXI Issue II Version I Year 2021 ( ) D 44 Stratégies De Gestion Du Résultat Par Les Dirigeants En Période De Crise Sanitaire COVID - 19

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