Global Journal of Management and Business Research, F: Real Estate, Event and Tourism Management, Volume 22 Issue 3
Le Voyage Des Personnages Principaux Comme Symbole D’une Quête 38 Global Journal of Management and Business Research Volume XXII Issue III Version I Year 2022 ( ) F © 2022 Global Journals son pays. Et puis le temps effaçant parfois les rancœurs, il ne fallait pas désespérer » 14 Si la quête de ce voyage qui est de permettre à Malimouna de retrouver les siens peut être classée comme une action bénéfique pour elle, celui que son mari Karim la fit entreprendre est par contre punitif, brusque et brutal. La raison est la suivante, Malimouna ayant refusé la polygamie que lui propose Karim, exprime le désir de dire à la face de tous qu'elle n'est pas excisée. En représailles, celui-ci la menace de la ramener de gré ou de force à Boritoun i; « tu ne rentres pas chez moi, mais c'est à Boritouni que tu retourneras. Tu n'aurais d'ailleurs jamais dû en partir » . 15 « N’essaya même pas de résister. Ses oreilles bourdonnaient, son cœur battait à se rompre. (…) Le véhicule s'ébranla et Malimouna aperçu la voiture de Karim sous un arbre. Lorsqu’ils arrivèrent à son niveau, le regard de Karim croisa celui de Malimou na. Elle ferma les yeux en se tenant le ventre. Elle sentait le bébé bouger sans doute percevait-il son anxiété » . Malimouna maintint sa position et Karim mit sa menace à exécution. C'est ainsi qu’il la fit enlever pour la ramener de force dans son village natal. Il la ramener de force dans son village afin de la livrer à la vindicte des parents du vieux Sando, celui qu’elle a refusé d’épouser. Elle a préféré fuir son village plutôt que d’être la conjointe de Sando. Malgré le temps passé, la famille de Sando a toujours gardé la rancœur c’est la raison pour laquelle elle a accepté de venir enlever Malimouna. Cette dernière, sachant l’état d’esprit de ses ravisseurs 16 Une des causes d'un départ, et non des moindres, est la fuite de la misère. Nombre de causes de l'exode rural, de l'immigration, trouvent leurs fondements dans la quête obstinée d'un mieux être. Natou, dans Le silence des déshérités n'est pas en reste. Ainsi, pour échapper à la sordide misère des Bas- fonds et accéder à la Cité des Elites, Natou n'hésite devant aucun obstacle. De l'infidélité à la prostitution en passant par le harcèlement sexuel, l'avortement, elle s'y adonne. Tant « la tentativ e de sortir des Bas-fonds et de ses ténèbres, pour se dorer à la lumière de la colline qui abritait la Cité-des-Elites » . 17 L es raisons qui sous-tendent la fuite de Natou sont similaires à celles d’Amoin dans La grande dévoreuse était forte et pressante. 18 14 Ibidem, p. 129 15 Fatou Keïta, Rebelle , op. cit, pp. 214-215 16 Ibidem, p. 224 17 Marie-Danielle Aka, Le silence des déshérités , Abidjan, NEI, 1998, p. 90 18 Isabelle Boni Claverie, La grande dévoreuse, Abidjan, N.E.I, 1999 . En effet, cette dernière part de son village pour se soustraire à la vie difficile, mais surtout aux pénibles travaux champêtres. Amoin a, pendant de longues années, travaillé la terre avec l’espoir qu’elle pourrait en tirer profit pour un bien-être, mais en vain. Le sol semblait être sourd à ses efforts. Elle a pris soin de sa famille, en aidant sa mère dans les travaux ménagers, en s’occupant de ses frères et sœurs, en se privant pour eux, en respectant son père malgré ses violentes colères quand il a un peu trop bu. Toutes ces tâches ne la rendaient pas heureuse. Il lui faut donc trouver une autre occupation qui pourrait lui permettre d’accéder au bonheur auquel elle aspire. Les nouvelles qu’elle obtenait des citadins l’on amené à opter pour la ville. Un univers dont elle entendait tant dire de biens par ceux qui en venaient: « Parfois, arrivaient, au village, des gens qui venaient de là-bas… La ville, disaient-ils. Elle écoutait leurs récits, émerveillée. Le lendemain il lui fallait retourner au champ. Alors, un jour, bien avant l'aube, profitant de ce que le ciel fût sans étoiles ni lune , e lle avait serré dans un pagne ses maigres effets, le peu de monnaie qu'elle avait réussi à mettre de côté, et elle s'était enfuie vers ce lieu où l'on disait tout possible » 19 Le cas de Sonanfê est similaire à celui d’Amoin à cette différence près que Sonanfê ne fuyait pas la misère mais plutôt la méchanceté, la haine et l'indiffér en ce de ses concitoyens : « Tu voulais donc mourir ? En tout cas, si tu tiens à la vie, dès ce soir même, il faut quitter définitivement ce village et ne plus y revenir » . Il est donc évident, dans l'entendement d’Amoin, que la ville est un lieu de réussite et selon cette conception elle doit se rendre en milieu citadin pour annihiler la misère qui semble être la sienne. 20 . C'est le conseil que Sonanfê reçoit. Mal lui en prit de ne pas le prendre en considération. Car, le lendemain, Anoh Bolié vient le réveiller avec le fusil et exige qu'il s'en aille, nu, du villag e e n l’avertissant que: « Cela ne vaut pas la peine de se souiller du sang impur, trancha Anoh Bolié. Je veux seulement qu'il s'en aille d'ici, ainsi le village sera plus aéré » 21 Toute cette haine vient du fait que Sonanfê, orphelin, maudit, ait osé enceinter Alika, la fille unique d’Anoh Bolié. Cet acte, courant au village, n'est pas un crime ni une réelle entorse à la tradition, c'est un comportement que la coutume tolère. Mais, que Sonanfê en soit l'auteur dépasse l'entendement de certains habitants de Bédinan. Il y fut donc banni et « prit le chemin qui menait droit devant lui, suivi des regards, d'aucun haineux, d'autres pitoyables. Il co mp rit le bien fondé des conseils de la vieille femme et se dépêcha de se lancer dans l'aventure dans les minutes qui suivirent. Pour toujours, il quittait son village natal » . 22 Pour préserver sa vie, Sonanfê est contraint de poser l'acte, le plus douloureux qu'un homme puisse connaître: quitter la vie paisible de son village natal pour . 19 Isabelle Boni Claverie, La grande dévoreuse, op. cit., p. 9 20 Anne-Marie Adiaffi, La ligne brisée, Abidjan, N.E.A, 1989, p. 99 21 Ibidem, p. 104 22 Ibidem, p. 104
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