Global Journal of Management and Business Research, F: Real Estate, Event and Tourism Management, Volume 22 Issue 3

Le Voyage Des Personnages Principaux Comme Symbole D’une Quête © 2022 Global Journals 39 Global Journal of Management and Business Research Volume XXII Issue III Version I Year 2022 ( ) F aller dans l'inconnu. Un ailleurs qui lui sera davantage défavorable. Sonanfê se trouve dans l'obligation de fuir à nouveau. Ce second départ a pour corollaires l’abandon de son refuge, de son lieu d'exil pour l’aventure : « Le poids de l'avanie pesait trop lourd sur ses épaules. Sa vie dans sa nouvelle famille n'était plus la même. Un matin, (…) Sonanfê sortit de la même manière mais ne prit pas la même direction. Sous d'autres cieux, il était parti traîner son bloc de mal heurs (…) En prenant la grave décision de quitter la famille qui l'avait adopté, Sonanfê prenait-là un risque énorme. N'est-ce pas le bonheur qu'il fuyait pour l'éternité » 23 Kacou Oklomin, abondant dans le même registre, révèle le cas de Valérie Boa: une femme mariée qui, depuis des années, cherche obstinément à enfanter. Après maintes analyses, elle prit une grossesse. Tout à son bonheur, la jeune femme a oublié de suivre certaines précautions inhérentes à son état. Comme celle de ne pas se hisser sur une chaise haute au risque de tomber et se faire mal . S uite à une chute, elle perd l'enfant. Sa détresse fut telle qu'il lui: « fallut six mois de courage, de lutte incessante pour combattre la vaque de torpeur qui (la) dévorait » . 24 « J'avais dû partir, quitter ma maison, mon mari, mes parents, mes amis, pour rompre la digue monstrueuse qui s'était dressée la vie et moi. L’annonce de ce voyage avait déchaîné une vague de c ontroverses énormes, quant au lieu où devait s'opérer le miracle de mon rétablissement (…) Au fond de moi, je souhaitais formellement m'en aller, m 'él oigner un peu » . C'est seulement dans le voyage qu'elle trouve un semblant de réconfort: 25 Ce souhait est aussi celui d’Akissi qui envisage de quitter le royaume de son père, sa majesté Ato VI, roi du royaume des aveugles . 26 « Elle lui avoua ses peurs et ses désirs de changements. Elle lui raconta son envie de partir (…) Or "Ce n’est pas en fuyant ton pays que tu comprendras mieux les choses. C’est ici que tu trouveras les réponses aux questions que tu te po ses. Va dans le grand Nord. Je sais où tu pourras te cacher". En entendant ces paroles, le sourire d’Akissi réapparut et tout en elle redevint calme et serein » . Elle veut fuir son pays pour échapper à la dérive de ce royaume, pour s’échapper du chaos dans lequel son père mène le pays. Celui-ci régnait dans la corruption, l’avidité, le gaspillage et la répression violente et aveugle de toute désapprobation. Rester au palais serait néfaste pour Akissi. Convaincue de ce fait, elle se confie en son ami Karim qui se propose de l’aider à s’en fuir : 27 23 Anne-Marie Adiaffi, La ligne brisée, op. cit, pp. 114-115 24 Oklomin Kacou, Okouossai ou le mal de mère , Abidjan, C.E.D.A, 1984, pp. 99-100 25 Ibidem, p. 100 26 Cf, Véronique Tadjo, Le royaume des aveugles, op. cit. 27 Ibidem, pp. 56-57 . A l’instar de Véronique Tadjo, Kouamé Adjoua Flore, dans La Valse des tourments , aborde le thème de la fuite. Son apport se situe au niveau de la fuite des cerveaux occasionnée par une politique répressive. La note variante est introduite à travers la fuite occasionnée par la déception amoureuse. Ces différents départs ont pour acteurs Sarah et sa famille. Celle-ci (la famille) a été obligée de fuir son pays natal afin d'échapper à la dictature qui y sévissait. Elle cherche donc un abri pour y vivre en toute sécurité: « Sarah vit arriver Djouka; accompagné de deux hommes, leurs guides. Ils s'embarquèrent aussitôt, et moins d'une heure plus tard, Monsieur Kouloussa Bourima, son fils Séky, sa fille Sarah, et Djouka, le garçon de maison de son frère, traversaient la frontière, laissant derrière eux leur pays bien-aimé, dépravé à cause de l'aveuglement dément d'une race de dirigeants qui malheureusement, ne s'éteindrait pas de sitôt » 28 « Je suis nerveuse quand je rentre au consulat sud-africain. Là, je ne suis rien d’autre qu’une simple indigène qui n’a aucun droit (…). L’employé du comptoir prend mon passeport. (…) Il prend un tampon et l’écrase sur mon passeport. Je ramasse mon passeport. Il est marqué "PLUS VALABLE" quand je réalise ce qui s’est passé, je ne peux plus respirer pendant un instant. Ils m’ont exilée » . Si l’exil de Sarah est un cas livresque, donc susceptible d’échapper à la réalité, celui de Myriam Makeba, artiste Sud-africaine est le témoignage d’un fait vécu. Ainsi, si Sarah part en exil de façon, dirons-nous, volontaire, Myriam Makeba est quant à elle mise en exil forcé par le régime de l’apartheid. C’est lors du renouvellement de son passeport que le consulat sud africain l’informe de ce qu’elle ne peut plus rentrer dans son pays: « Tout ce qui à contribuer à me faire, a disparu. Je fuis l’immeuble. Je n’ose pas poser de questions . Comme seule alternative, elle doit choisir entre l’exil ou la prison. Le droit de circuler librement lui est désormais dénié. La faute commise est, selon elle, celle d’avoir dénoncer la mauvaise condition de vie des Noirs en Afrique du Sud. C’est la raison pour laquelle Myriam Makeba doit vivre hors de son pays. Elle n’a pas obtenu la permission pour rentrer chez elle. Elle ne pourra peut- être jamais revoir sa famille, son foyer. Car, l’exil peut durer toute une vie. L’exilé peut mourir et être enseveli dans sa terre d’accueil. Le réfugié se sent ainsi perdu, il n’a plus de liens: 28 Adjoua Flore Kouamé, La valse des tourments , Abidjan, NEI, 1998. p. 131 29 Myriam Makeba et James Hall, Myriam Makeba, une voie pour l’Afrique, Abidjan, N.E.A, 1988, p. 129 29 IV. V oyage E t E xil P olitique V iajes Y E xilio P olítico

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